Marie Pernez
Actualités – Face à la menace grandissante des vagues de chaleur intenses et répétées, la question de la protection des travailleurs en période caniculaire se pose de manière de plus en plus pressante. Les conséquences de ces épisodes de chaleur extrême vont au-delà de simples désagréments, et la santé des travailleurs est directement impactée.
Selon une étude publiée dans The Lancet le 16 mars 2023, Paris pourrait devenir la ville européenne la plus touchée par la mortalité lors de canicules. De plus, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a souligné dans un rapport datant du 21 juin 2019 que le travail peut devenir dangereux lorsque la température dépasse les seuils de 30 °C pour une activité sédentaire et de 28 °C pour une activité en extérieur.
Ainsi, de nombreux salariés considèrent que le réchauffement climatique a des répercussions négatives sur leurs conditions de travail, engendrant fatigue, perte d’attention et impact psychologique. Les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses risquent de rendre la récupération, notamment pendant la nuit, plus difficile, renforçant ainsi la nécessité d’une protection adaptée.
Vagues de chaleur : L’absence d’une législation spécifique
Actuellement, aucune disposition légale ne permet aux travailleurs de s’absenter en cas de canicule sévère. En effet, le Code du travail ne fixe pas de « température maximale » au-delà de laquelle un employé pourrait légitimement refuser de travailler. Par conséquent, il n’existe pas de seuil de température clairement défini qui permettrait à un salarié de faire valoir son droit de retrait, même si sa santé est potentiellement en danger. Toutefois, plusieurs mesures pourraient être envisagées pour assurer une meilleure protection des travailleurs exposés.
Parmi celles-ci figurent l’aménagement des horaires, la réduction du temps de travail ou l’interruption de certaines activités pendant les périodes de canicule. S’inspirant de dispositifs existants tels que le congé intempéries du BTP instauré en 1947, l’idée d’un congé canicule a été avancée par Jean-Noël Aqua, conseiller de Paris. Selon lui, une telle mesure permettrait non seulement de protéger les travailleurs, mais aussi de sensibiliser le monde du travail aux enjeux du réchauffement climatique. Il encourage les pouvoirs publics à prendre des mesures concrètes en ce sens.
Une réponse adaptée pour protéger les travailleurs et sensibiliser au réchauffement climatique
La création d’un congé canicule pourrait offrir une réponse adaptée à la problématique de la protection des travailleurs en période de chaleur extrême. En prenant exemple sur le congé intempéries dans le secteur du BTP, cette mesure permettrait de prendre en compte les spécificités des conditions de travail pendant les périodes caniculaires et d’assurer une meilleure sécurité et santé des travailleurs.
En plus de protéger les travailleurs, un congé canicule serait également une occasion de sensibiliser davantage le monde du travail aux enjeux du réchauffement climatique. Il mettrait en évidence l’impact de ces épisodes de chaleur extrême sur la santé et le bien-être des travailleurs, ainsi que sur l’ensemble de la société. La création d’un tel congé serait donc une mesure à la fois préventive et éducative, permettant de prendre en compte les réalités du changement climatique et d’adapter les conditions de travail en conséquence.
En conclusion, l’instauration d’un congé canicule pourrait constituer une avancée significative dans la protection des travailleurs face aux vagues de chaleur intenses et répétées. Cette mesure permettrait de mieux prendre en compte les risques liés à la chaleur et de sensibiliser à l’urgence d’agir face au réchauffement climatique. Toutefois, il revient aux pouvoirs publics et aux acteurs du monde du travail de mettre en place les dispositifs nécessaires pour garantir la sécurité et la santé des travailleurs en période de canicule.
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