Marie Pernez
La question de l’utilisation d’armes nucléaires tactiques par la Russie en cas de conflit avec l’Europe a fait l’objet de nombreux débats ces dernières années. Alors que les tensions entre l’Union Européenne et la Russie se sont intensifiées depuis l’annexion de la Crimée en 2014, la question de la dissuasion nucléaire est revenue au centre des préoccupations.
Samedi dernier, Vladimir Poutine a annoncé sur les médias russes le déploiement d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie, violant ainsi les accords conclus lors de l’indépendance de ce pays voisin. Cette décision n’est pas nouvelle, puisque depuis le 24 février 2022, le président russe a à plusieurs reprises menacé les Occidentaux d’une frappe nucléaire en réponse à leur soutien à l’Ukraine.
La menace d’une frappe nucléaire tactique de Poutine sur l’Europe : réalité ou fiction ?
En décembre dernier, il avait déjà prévenu que la « menace d’une guerre nucléaire » se faisait grandissante, après que l’Ukraine aient mené des frappes conventionnelles sur le sol russe. Poutine a toutefois précisé que la Russie n’utiliserait pas ces armes en premier, mais qu’elle ne reculerait devant aucune riposte.
La doctrine militaire russe prévoit l’utilisation de l’arme nucléaire en cas de menace existentielle pour l’État. Cette doctrine est basée sur le principe de la dissuasion nucléaire, qui repose sur l’idée que l’utilisation d’armes nucléaires par un État doit être considérée comme une option possible en cas d’agression militaire contre celui-ci. Selon les experts, la Russie pourrait envisager d’utiliser des armes nucléaires tactiques si elle était confrontée à une menace militaire importante en Europe.
Une politique étrangère de plus en plus agressive de la part de la Russie
La Russie a déjà modernisé son arsenal nucléaire ces dernières années, en déployant de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, des sous-marins équipés de missiles de croisière, et des avions de combat capables de larguer des bombes nucléaires. Ces armes nucléaires tactiques sont conçues pour être utilisées sur le champ de bataille, contrairement aux armes stratégiques qui sont destinées à être utilisées contre des villes ou des infrastructures importantes.
De plus, la Russie a récemment mené des exercices militaires massifs, impliquant des forces terrestres, aériennes et navales. Ces exercices ont souvent été associés à des menaces implicites contre l’Europe et l’OTAN. La Russie a également déployé des forces militaires importantes près de la frontière ukrainienne, en réponse aux actions de l’Ukraine dans la région du Donbass.
Or, certains experts estiment que la Russie n’utilisera jamais d’armes nucléaires tactiques en Europe, en raison du risque de représailles massives de la part des États-Unis et de l’OTAN. Ces experts soulignent également que l’utilisation d’armes nucléaires tactiques pourrait déclencher une guerre nucléaire à grande échelle, ce qui serait désastreux pour toutes les parties impliquées.
Malgré tout, certains experts estiment que la Russie pourrait être tentée d’utiliser des armes nucléaires tactiques en Europe si elle était confrontée à une situation de crise ou à une défaite militaire importante. Dans ce cas, l’utilisation de ces armes pourrait être perçue comme une option nécessaire pour éviter une défaite complète.
Les réactions de l’Europe face à la menace russe de frappe nucléaire tactique
En réponse à cette menace potentielle, les États membres de l’OTAN ont déployé des forces militaires importantes en Europe de l’Est ces dernières années, dans le cadre de la mission Enhanced Forward Presence. Cette mission a pour objectif de renforcer la présence militaire de l’OTAN en Europe de l’Est, en réponse aux actions de la Russie dans la région.
En somme, la déclaration de Vladimir Poutine sur le déploiement d’armes nucléaires en Biélorussie a suscité de vives réactions dans le monde entier. Les inquiétudes quant à une possible escalade nucléaire dans la région sont légitimes, compte tenu des précédents comportements agressifs de la Russie envers l’Ukraine et de sa détermination à protéger ses intérêts stratégiques dans la région.
Il est impératif que la communauté internationale prenne des mesures pour éviter une telle escalade, notamment en renforçant la dissuasion et en engageant un dialogue constructif avec toutes les parties concernées. Les conséquences d’une telle guerre seraient catastrophiques pour la région et pour le monde entier, et il est donc de la plus haute importance de trouver une solution pacifique et négociée à cette crise.
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