Retraites – Le tribunal administratif de Paris suspend l’arrêté du préfet de police interdisant les rassemblements nocturne.
Le tribunal administratif de Paris a annulé l’arrêté du préfet de police Laurent Nunez qui interdisait tout rassemblement dans plusieurs secteurs de Paris, le 24 mars dernier.
En effet, la justice a statué que cet arrêté portait atteinte à la liberté de manifester. Selon l’ordonnance du juge des référés, l’interdiction générale de manifester n’était « ni nécessaire ni proportionnée à la préservation de l’ordre public ».
Des interdictions jugées « disproportionnées »
Pour rappel, l’arrêté du préfet de police Laurent Nuñez interdisait de manifester entre samedi à 17 h et dimanche à 3 h du matin dans plusieurs secteurs de Paris proches de lieux de pouvoir, ainsi que les abords et au sein des manifestations, le port d’engins pyrotechniques, de substances dangereuses ou « d’équipements de protection destinés à mettre en échec » le maintien de l’ordre.
Or, le tribunal administratif a jugé ces deux interdictions disproportionnées, soulignant que plusieurs manifestations déclarées samedi à Paris se sont déroulées sans heurts.
Des arrêtés pris « en catimini »
Plusieurs organisations, dont la LDH, le SAF et le Syndicat de la magistrature, ont saisi en urgence le tribunal administratif de Paris. Ces dernières reprochaient à la préfecture de police d’avoir pris « en catimini », « sans que personne n’en soit informé », des arrêtés quotidiens interdisant les rassemblements dans une grande partie du centre de la capitale.
Celui interdisant les « rassemblements non déclarés » entre lundi dernier 17 h et mardi 3 h a par exemple été publié à 17 h 30. « Pourquoi ne pas faire connaître et rendre clairement lisibles les arrêtés si le but est que les gens ne manifestent pas ? », s’était interrogé le SAF.
Des interdictions en période de tension
Les secteurs concernés par l’arrêté du préfet de police étaient des zones de tension, ayant été le lieu d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ces dernières semaines. Toutefois, le tribunal administratif a considéré que l’interdiction générale de manifester était disproportionnée, et que d’autres mesures pour préserver l’ordre public pouvaient être envisagées.
Réforme des retraites : une atteinte à la liberté de manifester
La décision du tribunal administratif de Paris a été saluée par les organisations ayant saisi la justice. Pour la Ligue des droits de l’homme, cette décision est une victoire pour la liberté de manifester. En effet, l’interdiction générale de manifester portait atteinte à cette liberté fondamentale. Les organisations rappellent que les rassemblements pacifiques sont un droit protégé par la Constitution française et que leur interdiction ne doit être décidée qu’en cas de menace réelle pour l’ordre public.
Cette décision du tribunal administratif intervient dans un contexte tendu à Paris et dans d’autres villes de France, où des manifestations ont lieu depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites et la politique du gouvernement. Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont été fréquents et parfois violents, suscitant des critiques de la part des associations de défense des droits de l’homme.
Des interrogations sur l’efficacité de ces interdictions
Au-delà de la question de la liberté de manifester, ces interdictions ont également suscité des interrogations sur leur efficacité dans la prévention des troubles à l’ordre public. Certaines associations de défense des droits de l’homme estiment en effet que ces interdictions ont pour effet de pousser les manifestants à se regrouper dans des zones non interdites, augmentant ainsi les risques de violences et de débordements.
D’autres considèrent au contraire que ces interdictions sont nécessaires pour prévenir les débordements et garantir la sécurité des citoyens. De ce fait, la préfecture de police de Paris a pris ces mesures en réponse aux violences qui ont émaillé les précédentes manifestations, et qu’elles sont destinées à prévenir les risques de débordements.
Quoi qu’il en soit, la décision du tribunal administratif de Paris de ce samedi met en lumière les limites des interdictions de rassemblement prises par la préfecture de police de Paris, et pose la question de leur pertinence dans la prévention des troubles à l’ordre public.
En somme, la décision du tribunal administratif de Paris d’annuler l’arrêté du préfet de police interdisant les rassemblements à Paris est une victoire pour la liberté de manifester et un rappel de l’importance de protéger les libertés fondamentales. Cette décision doit être saluée et rappelle que les droits et libertés des citoyens doivent être protégés en toutes circonstances.
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