Trois parents de l’école Classique de Tallahassee, en Floride, ont porté plainte contre le cours donné par une enseignante de l’école sur les statues de la Renaissance. L’un des parents a qualifié l’œuvre d’art de caractère « pornographique ».
La nudité de la statue de David fait débat aux États-Unis
En mars, la directrice de l’école a tenu un cours sur la période artistique de la Renaissance italienne pour des élèves de sixième. Elle a présenté plusieurs chefs-d’œuvre, dont deux du célèbre artiste florentin Michel-Ange : La Création d’Adam, située sur le plafond de la chapelle Sixtine au Vatican, et David, une grande statue de marbre blanc de 5 mètres de haut, souvent considérée comme l’incarnation de la beauté masculine.
Or, l’œuvre n’a pas été appréciée par tous les parents. Suite au cours, l’école a reçu trois plaintes de parents, dont deux regrettent de ne pas avoir été informés à l’avance du contenu de la leçon, et un autre jugeant la statue pornographique, car elle représente David nu, prêt à combattre Goliath.
Le conseil d’administration de l’école a organisé une réunion d’urgence le 20 mars, au cours de laquelle un ultimatum a été posé à la directrice : soit elle est renvoyée, soit elle démissionne. L’enseignante a opté pour la seconde option.
Barney Bishop III, président du conseil d’administration de l’école, a confirmé au Washington Post que l’ultimatum avait été posé à la suite des trois plaintes reçues. Toutefois, il a souligné que d’autres problèmes liés à la directrice ont également contribué à la décision.
Il est important de noter que la Floride est dirigée par le gouverneur républicain Ron Desantis, un potentiel candidat à la présidence américaine en 2024. Depuis le début de son mandat, son administration s’est engagée à réguler strictement le contenu des programmes scolaires.
Contrôle des programmes scolaires en Floride
Pour rappel, dans cet État du sud-est des États-Unis, il est désormais interdit de parler de questions de genre et de sexualité, même indirectement, chez les plus jeunes. De même, certaines manières d’enseigner les questions de race sont interdites dans un pays profondément marqué par les inégalités. Une autre loi est en cours d’adoption pour renforcer le poids des parents dans les programmes scolaires.
L’histoire est d’autant plus problématique que le programme de l’école Classique de Tallahassee, qui bénéficie de grandes libertés dans son organisation, a été mis en place par une institution catholique conservatrice, le Hillsdale College. Cette institution exige que les élèves soient initiés à la Renaissance italienne dès la sixième.
L’affaire a même inspiré un scénario dans la série animée « Les Simpson », où une statue de David à la Springfield Elementary School est couverte d’un slip pour éviter toute controverse.
À Florence, les réactions se multiplient
L’affaire de la statue de David a également suscité de nombreuses réactions en Italie, où se trouve la sculpture originale. Cecilie Hollberg, historienne allemande et directrice de la Galleria dell’Accademia abritant le « David », a déploré l’esprit tordu d’ignorants dans une interview accordée à l’AFP. Selon elle, ceux qui sont dérangés par la nudité de David ont un sérieux problème avec les racines de la culture occidentale, car la nudité est justement le symbole de sa pureté.
Elle a également critiqué un puritanisme déplacé et considère cette affaire comme assez grave, car elle révèle que nous perdons le lien avec notre culture et avec l’Histoire. Le maire de Florence, Dario Nardella, a invité Hope Carrasquilla à Florence pour lui témoigner la reconnaissance de la ville et a souligné que l’art, la civilisation et ceux qui les enseignent méritent le respect.
Le « David » est un emblème de la Renaissance italienne et a été sculpté par Michel-Ange Buonarroti entre 1501 et 1504 dans un unique bloc de marbre de Carrare. La sculpture représente le héros biblique David au moment où il s’apprête à affronter le géant Goliath avec sa fronde et est souvent considérée comme l’idéal de la beauté masculine.
Lire également : Prince Harry assiste à la première audience de l’action contre l’éditeur de presse