La Chine a encore lancé des exercices militaires dans le détroit de Taïwan avec des tirs réels qui devraient durer jusqu’à lundi. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont mobilisés pour l’occasion.
En effet, l’armée chinoise se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information afin de créer une dissuasion et un encerclement total de Taïwan. Ces manœuvres sont considérées par les autorités taïwanaises comme une menace pour la stabilité et la sécurité de la région Asie-Pacifique.
Les exercices militaires de la Chine sont une réponse aux pressions internationales
Ces exercices militaires interviennent juste après le départ du président français de Pékin, où il a passé trois jours. La situation dans le détroit de Taïwan était le tabou de la visite, malgré les risques économiques pour la France et l’Europe d’une guerre entre les deux territoires. La question a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping et « la conversation a été dense et franche » à ce sujet, a indiqué vendredi l’Élysée.
Ces manœuvres font aussi suite à la visite cette semaine de la présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen aux États-Unis, où elle a rencontré Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des « mesures fermes et énergiques » en représailles.
Pour la Chine, ces exercices « servent de sérieux avertissements contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant l’indépendance de Taïwan et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices ».
Celle-ci considère Taïwan comme l’une de ses provinces et voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel. L’armée chinoise sera prête à « régler une fois pour toutes la question de Taïwan », si les provocations s’intensifient, a affirmé à l’AFP l’analyste militaire Song Zhongping.
D’ailleurs, le ministère de la Défense taïwanais a affirmé avoir détecté au moins neuf navires de guerre et 71 avions militaires chinois autour de l’île. Vingt-neuf avions sont entrés au sud-ouest de la zone d’identification de défense aérienne de Taïwan. Le ministère a chargé l’armée de répondre aux activités militaires chinoises.
Taiwan accuse la Chine d’escalade militaire et appelle à la prudence
La présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, a dénoncé un « expansionnisme autoritaire » de la part de la Chine. De plus, elle a assuré que le territoire « continuerait à travailler avec les États-Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ». Les exercices ont été effectués dans le détroit de Taïwan, où la Chine a mené plusieurs exercices militaires par le passé pour tester la réaction de Taïwan et de ses alliés, principalement les États-Unis.
Les tensions entre Pékin et Taipei ont considérablement augmenté ces dernières années, sous l’impulsion de Xi Jinping, qui a fait de la réunification de Taïwan l’un de ses principaux objectifs politiques. Le leader chinois multiplie depuis son arrivée au pouvoir les pressions sur l’île, allant jusqu’à organiser des manœuvres militaires régulières à proximité de ses côtes.
Le détroit de Taïwan, qui sépare l’île de la Chine continentale, est depuis longtemps l’un des points de tension les plus sensibles de la région Asie-Pacifique. En janvier dernier, un porte-parole du ministère chinois de la Défense avait affirmé que l’usage de la force pour réunifier Taïwan ne constituait pas une option à écarter.
Le contexte de la visite d’Emmanuel Macron en Chine
Les exercices militaires de la Chine interviennent donc juste après la visite d’Emmanuel Macron à Pékin, où il a passé trois jours. Si la situation dans le détroit de Taïwan a été le tabou de la visite, le sujet a tout de même été évoqué lors de la rencontre entre le président français et son homologue chinois Xi Jinping. La conversation a été qualifiée de « dense et franche » par l’Élysée.
La visite d’Emmanuel Macron avait pour but de renforcer les liens économiques entre la France et la Chine, deux pays qui entretiennent des relations commerciales importantes. La France est en effet le deuxième pays européen en termes d’exportations vers la Chine, et la Chine est le deuxième fournisseur de la France.
Le président français avait notamment appelé à un renforcement de la coopération franco-chinoise dans la lutte contre le changement climatique et les pandémies. Il avait également plaidé pour une meilleure régulation des échanges commerciaux internationaux.
En somme, les exercices militaires de la Chine dans le détroit de Taïwan suscitent des inquiétudes quant à une possible escalade des tensions dans la région Asie-Pacifique. La Chine considère Taïwan comme l’une de ses provinces et n’exclut pas l’usage de la force pour réunifier l’île.
De son côté, Taïwan dénonce l’expansionnisme autoritaire de la Chine et renforce ses liens avec les États-Unis. La visite d’Emmanuel Macron en Chine a été l’occasion de renforcer les liens économiques entre les deux pays, mais le sujet de la situation dans le détroit de Taïwan reste sensible et a été évoqué lors de la rencontre entre les deux présidents.
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